J’ai tenu mon 1er appareil photo en mains à l’âge de 12/13 ans, plus par amour pour mon père que par conviction profonde, quoique…
De tout temps, j’ai observé le monde à travers mon objectif comme l’on met un rempart entre soi et les autres et, comme tout photographe « témoin » , j’ai toujours eu envie d’immortaliser les scènes de la vie quotidienne, comme autant de souvenirs qu’il ne faut surtout pas perdre.
Je me suis réellement mise au « reportage photos » en 1976 et ce, dès mon arrivée au Maroc, où j’ai eu la chance de rencontrer des passionnés de photos, qui étaient en plus compétents et bons pédagogues. Non seulement le pays était, au niveau photos, une mine de trésors mais j’avais en plus, soif de tout voir et de tout apprendre.
J’y ai fait et développé beaucoup de noir et blanc ( j‘avais, à l‘époque mon propre labo ), nous organisions aussi beaucoup de soirées diapos et donc, j’avais pris l’habitude de faire des montages, en fondu enchaîné et en musique, à partir de thèmes choisis à l’avance.
Parallèlement au Maroc, il y a eu la montagne, ses paysages et ses fleurs, qui ont été, pour moi, et pendant de nombreuses années, une autre grande source d’inspiration.
Et puis, avec mon passage par St Domingue entre 1993 et 1999 et avec mes voyages nombreux et variés sur l’Amérique Latine, où j’ai croqué je ne sais combien de portraits, il m’est progressivement apparu (mais ce n’est devenu une évidence à mes yeux que beaucoup plus tard ) que ma raison d’être était de capter les « lumières des âmes ».
Ayant été coupée de mes émotions pendant une grande partie de ma vie, j’avais, par contre un accès immense à celles des autres, elles me percutaient de plein fouet, surtout chez les enfants et la photo a été pour moi comme un moyen de réparer, de mettre en avant tout l’amour auquel un enfant a droit, de mettre en avant la dignité humaine tout simplement.
C’était, pour moi, comme un besoin inconscient de faire ressortir les « lumières des ombres » .
Peut-être la photo sert-elle aussi à cela !!!
Michèle Simond